Les arbres ne font rien, ils sont…

Les arbres sont dans l’être…les pieds dans la terre et la tête dans les nuages…ils ne font rien, ils sont…

Avez-vous déjà expérimenté de ne rien faire ? Je ne parle pas d’inaction ; il est relativement facile de s’arrêter d’agir ou de s’agiter physiquement. Je vous parle d’autre chose : Ne rien faire, s’abstenir de se projeter dans ce qui n’existe pas encore… pour ETRE. J’ai redécouvert récemment la façon dont la Vie peut se servir métaphoriquement de notre existence pour nous conduire à expérimenter l’ETRE.

Les métaphores utilisées par la vie sont quelques fois assez désagréables, perte d’un emploi, maladie…et autres… Rassurons-nous elles peuvent être également fort agréables, rencontre amoureuse, découverte personnelle… que sais-je…

Dans chaque cas, regardez attentivement ce que vous êtes en train de vivre, écoutez votre corps, laissez- vous surprendre par des images, des sensations, des intuitions…ce que j’essaie de dire c’est que chacune des situations que nous vivons, est une invitation grandeur nature à ETRE dans le présent.

Ne rien faire c’est une façon de se laisser traverser par l’expérience pour en saisir l’essentiel : la JOIE d’être au monde.

Comme les arbres qui sont au monde, sans que le Monde un seul instant puisse les distraire de ce qu’ils sont : des arbres.

Lorsque je me laisse traverser par l’expérience que je suis en train de vivre, lorsque je laisse cette expérience m’appartenir pleinement, que je reste centrée sur ce qui me semble juste et bon pour moi, alors il me semble que je me relie encore davantage à ce qui fait de nous des Hommes. Et cette expérience loin d’être égocentrée, devient une expérience Humaniste.

Il a des Hommes qui, aux pires heures de l’Histoire, se relie à ce qu’ils sont : des HOMMES.

Ceux- là pour la plupart n’ont pas lu de traité mystique, ils réagissent dans l’urgence, dans l’évidence qu’il leur faut ETRE avant de faire. Ils deviennent parfois les héros d’hier d’aujourd’hui ou de demain…parfois ils restent de parfaits inconnus…Ces personnes, hommes, femmes, enfants, peuvent ensuite oublier ou choisir de rester relié. Et c’est à cet instant que cela devient plus difficile car l’évènement qui a permis de se relier à SOI n’existe plus, le but n’existe plus…souvenez- vous nous avons appris tout enfant à « fonctionner » à travers des buts, des objectifs…être parent, réussir sa vie…lorsque Georges Semprun revient des camps de concentration, il a atteint un objectif fondamental : rester en vie et cela il n’a plus l’accomplir qu’en devenant Homme. Après il a fallu apprendre à VIVRE.

Mon expérience et celle que j’ai pu voir à l’œuvre chez les uns et les autres, m’a amené doucement vers l’idée que les buts ou objectifs étaient certes essentiels pour avancer dans la vie mais qu’ils ne faisaient pas tout. J’ai eu tendance très souvent à confondre mes objectifs avec l’être que je suis. Ils me rassuraient sur mon identité, disons qu’ils faisaient mon identité ; j’en oubliais d’être je n’étais plus que le Faire. J’apprends donc depuis quelques temps à développer des objectifs au service de « Qui je suis » et non plus au service de « Ce que je dois faire ». La différence est subtile, cependant elle existe.

Vous êtes- vous déjà demandé quels étaient les objectifs de l’arbre ? Que veut l’arbre ? Posée ainsi la question peut prêter à sourire. Cependant lorsque j’y réfléchis, je remarque que je n’ai jamais pensé à l’arbre comme à un être de volonté mais simplement comme à un être vivant. L’arbre « n’émet » pas de buts ou d’objectifs, il réalise tout simplement sa « fonction » d’arbre, il EST et à partir de là s’accomplit le reste.

Mon propos, ne vous y trompez pas, reste une invitation à agir sur la matière, il est aussi et surtout, une invitation à s’installer dans l’ETRE.

Pour finir, permettez- moi de vous livrer ce que j’ai appris de mon ami l’Arbre :

''Cultiver des objectifs enracinés dans le terreau de mon expérience d’Homme

pour m’élever dans la joie de toucher le Ciel''

Joyeuse année 2016 à tous les Hommes

et particulièrement

à ceux en Devenir

© 2016 texte Stéphanie Hésol, tous droits réservés